A l'approche de Noël, le monde se déguise. Les vitrines et les places publiques s'illuminent. Les sapins de Noël décorés de guirlandes et de boules multicolores poussent comme par enchantement aux coins des rues. Chaque famille se flatte d'avoir le sien et l’entoure d’une multitude de cadeaux, tous emballés d’un habit de fête. Les plus légers pendent aux branches et les autres s’empilent devant l’arbre magique. Les cuisines laissent échapper une odeur alléchante. Les enfants sautent d'impatience. Les invités franchissent le seuil. La fête peut commencer: le 25 décembre est arrivé.
Le lendemain, le souffle féerique s’envole. Les poubelles débordent et encombrent les trottoirs, alors que les lumières s'éteignent les unes après les autres. Quant aux sapins, dépouillés lestement de tous leurs biens, ils voient même leurs épines les abandonner. Noël est passé.
Une grande fête: pour quoi et pour qui? Officiellement, c'est la naissance de Jésus, mais en réalité, la trace du Messie est bien difficile à trouver. Mammon et ses associés ont envahi la scène et ont réduit le Sauveur du monde à un décor utile pour agrémenter la fête.
Que faire? Que dire devant une telle imposture? Pleurer ne servirait à rien. Dénoncer le matérialisme ralentirait à peine l'hémorragie. Notre seule espérance est dans le Seigneur et dans son Évangile. N'est-il pas la puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit? Le monde a besoin d'entendre la bonne nouvelle.
L'évangélisation doit être vécue au quotidien, mais le temps de Noël offre une occasion unique. Pour une fois, le monde endurci prête une oreille à l'Évangile. Est-ce par politesse, par tradition ou par attrait du magique? Peu importe. Les temples se remplissent et des cantiques spirituels inondent les ondes radiophoniques. Le temps d'une fête, l'église peut faire entendre sa voix. L'ouverture est là, mais elle n'est pas inconditionnelle. L'esprit de fête doit être respecté si l’on veut être entendu.
Comment exploiter cette éclaircie de décembre et véhiculer l'Évangile inaltérable? Chacun est appelé à y réfléchir et à faire preuve d'imagination. Parmi l'éventail des possibilités, une communication théâtrale offre plusieurs avantages. D’abord, elle se présente sous forme d'un spectacle. Puisque l'ambiance est à la fête, l'église prendra ce costume, non pour diluer l'évangile, mais pour mieux se faire comprendre. Comme Paul a su adapter son langage aux philosophes d’Athènes (Actes. 17.22-34), comme un Hudson Taylor a osé revêtir des habits chinois pour s'adresser aux Chinois, ainsi l'église doit rejoindre les gens là où ils se trouvent.
Le théâtre permet aussi de surmonter une certaine accoutumance au message présenté. L'histoire de Noël est connue de tous. Chacun l'a entendue à de nombreuses reprises et croit en maîtriser tous les aspects. Comment la raconter une fois de plus sans lasser? Mieux: en passionnant cet auditoire? L'effet «énigmatique» lié à toute histoire stimule l'écoute.
Enfin, le théâtre permet de présenter un message de manière indirecte. Comme une parabole, il peut atteindre les auditeurs au moment où ils s'y attendent le moins, c’est-à-dire au moment où les défenses sont délaissées. Nathan n’avait-il pas repris le roi David par une parabole pour contourner un endurcissement de neuf mois (2 Sam 12.1-7) ?
Les pièces de théâtre présentées dans ce volume ont été écrites pour annoncer l’Evangile dans le cadre d'une fête de Noël. Plusieurs se terminent sur une question pour mieux interpeller le spectateur.
Les pièces sont de deux types. Les quatre premières se déroulent au temps de la naissance du Messie. A chaque fois, le regard porté sur Jésus est celui de personnes qui sont peu ou pas mentionnées dans les textes bibliques. Dans la première pièce, nous trouvons des commerçants («Hérode et les commerçants»); dans la seconde, des étrangers («Les gardiens de chameaux»); dans la troisième, des journalistes («Dans une salle de presse»); dans la quatrième, des anges («Mission terre»). L'inconnu des personnages introduit une «énigme». Bien que l'histoire principale soit connue, l'histoire de ces individus ne l'est pas. Personne ne sait d’avance comment ils vont réagir à la naissance de Jésus?
Les autres pièces sont d'un type différent. Pour elles, la scène se déroule dans les temps modernes. Les personnages principaux sont les passagers d'un avion («Vol 2000»), des artistes-peintres («Dessiner Noël»), un couple lors d'une soirée de Noël («Un cadeau à prendre ou à laisser»). Chaque pièce contient une variété de caractères afin de marquer les contrastes et de permettre à chaque spectateur de s'identifier avec un ou plusieurs rôles joués.
Pour la mise en scène, quelques conseils sont proposés au début de chaque pièce. Pour «Dans une salle de presse», le jeu scénique est illustré par des diagrammes à la fin des dialogues (p. 74). Les débutants qui désirent plus de recommandations pratiques consulterons avec profit le livre de Paul Burbridge et Murray Watts «A vous de jouer» (Ligue pour la Lecture de la Bible, 1984). Veillez en particulier à ne pas rester planté sur scène et à utiliser tout l'espace disponible. Évitez aussi de tourner le dos au public quand vous parlez.
La durée du spectacle varie entre un quart d'heure pour la plus courte («Un cadeau à prendre ou à laisser») et une demi-heure pour les plus longues. D'une année à l'autre, il est bon d’alterner les pièces qui se déroulent du temps du Christ et celles qui ont pour cadre notre société moderne.
Chaque pièce s’efforce de communiquer un message clair. Un mot d'ordre peut éventuellement reprendre et développer une des idées, mais cela n’est ni indispensable ni toujours souhaitable. Un exemple est donné pour «Dans une salle de presse» (p. 76-79).
Volume 2
Noël est une occasion rêvée pour annoncer l’Evangile. De nombreuses communautés chrétiennes communiquent leur espérance par le théâtre, car l’humour, le spectacle et le rire conviennent bien au caractère festif de cette période de l’année.
Les dix pièces de ce recueil ont été écrites pour transmettre de manière pertinente et stimulante la Bonne Nouvelle de la venue de Dieu parmi les hommes. Le cadre est chaque fois différent. Les deux premières pièces se situent à l’époque du Christ, d’abord dans un atelier de rédaction de manuscrits (Les gratte-papier), puis dans un centre de fitness (Le recruteur sportif). Les autres pièces se déroulent au XXIe siècle : sur une scène de théâtre (Apprentis héros et Dans la peau d’un ange), dans le laboratoire d’un scientifique farfelu (Voyage vers l’impossible), dans les bureaux d’une agence commerciale (La sécurité par correspondance), dans les rayons d’une grande surface (Le magasin Hatou), dans une agence de voyage (Le gros lot), dans une rue piétonne (Les dernières nouvelles) et finalement lors d’une émission de télévision (Noël dans vingt ans).
Chaque pièce dure environ 25 minutes, à l’exception de Voyage vers l’impossible qui est deux fois plus longue. Cette pièce a d’ailleurs été écrite pour être jouée aussi en dehors de la période de l’Avent, par exemple lors d’une tournée d’évangélisation.
Ce volume fait suite au premier recueil dont les pièces ont été jouées en Europe, en Afrique et au Canada. Une pièce a même été filmée par une équipe professionnelle malgache, puis projetée à la télévision nationale le 25 décembre. Les dix pièces de ce deuxième recueil ont été jouées à l’Institut Biblique et Missionnaire Emmaüs par des groupes de trois à sept étudiants, excepté Apprentis héros, jouée en primeur par les enfants de l’Eglise évangélique de la Chapelle de Clarens. Je remercie ma fille Anna d’avoir illustré chaque titre par un dessin.