Un ouvrage facile à lire. L’évangile de Marc est passionnant et facile à lire. Le rythme de la narration est soutenu : aucun temps mort. Des épisodes courts et concis rapportent l’essentiel de la vie et du ministère de Jésus-Christ. En moins de trente pages, tout est dit.
Un évangile condensé à l’essentiel. Marc limite sa « biographie » de Jésus aux deux dernières années de son héros. Rien n’est dit sur sa naissance ou son enfance (contrairement à Matthieu et à Luc qui y consacrent chacun deux chapitres : Mt 1-2 ; Lc 1-2). Aucune information n’est donnée sur la première année du ministère de Jésus à laquelle Jean consacre cinq chapitres (Jn 1-5). Même les deux dernières années de la vie de Jésus sont rapportées de manière partielle. Le « long voyage vers Jérusalem », qui mène Jésus vers sa passion, et auquel Luc consacre 10 chapitres (Lc 9.51-19.28), se limite à un chapitre chez Marc (Mc 10). Trois visites à Jérusalem lors de différentes fêtes pendant la dernière année de Jésus sont ignorées. (Jean leur consacre une part importante de son ouvrage : Jn 7-10). La seule période détaillée de la vie de Jésus est sa dernière semaine, à laquelle Marc consacre 6 chapitres (Mc 11-16), soit plus du tiers de son livre.
Marc a opéré des choix, dont certains sont drastiques. Loin d’affaiblir son œuvre, la dimension réduite de son ouvrage en fait sa qualité, car la concision du récit met en évidence les éléments clés du ministère de Jésus. Les bons romans ne sont pas nécessairement les plus longs, et les prédications limitées à 15 minutes sont souvent plus efficaces que celles qui dépassent la demi-heure.
Un livre composé de courts récits. L’évangile de Marc est succinct, mais il est aussi composé de récits succincts. On peut en recenser une centaine. En moyenne, leur longueur se situe entre 6 et 7 versets. Une seule section dépasse 25 versets (le discours concernant la fin des temps : Mc 13). Cette concision des récits convient aux homélies. En une minute, deux au maximum, l’ensemble du récit est lu à l’assemblée. Le prédicateur dispose ensuite du reste du temps pour commenter le texte qui, en raison de sa concision, reste gravé dans les mémoires. La brièveté des récits en facilite aussi la mémorisation. D’ailleurs, un certain nombre de commentateurs pensent que ces récits ont été propagés oralement avant leur mise par écrit, mais cette opinion reste une simple hypothèse (voir p. 19 ss).
La segmentation de l’évangile en courtes sections permet aussi une lecture « à dose homéopathique » de l’ouvrage. Puisque chaque péricope constitue une unité en soi, il n’est pas nécessaire de lire plusieurs pages pour méditer un texte. La méditation du texte biblique en est alors renforcée, car à vouloir trop lire ou lire trop rapidement, on néglige souvent de nombreuses perles. Une lecture modulaire, limitée à quelques versets, permet de bien apprécier la richesse de chaque texte.
Une mosaïque passionnante à découvrir. Mais attention, l’évangile de Marc n’est pas un patchwork désordonné. Chaque texte est méticuleusement choisi en fonction de l’ensemble. L’évangile est comme une mosaïque. L’unité de base est petite, les péricopes sont courtes et distinctes les unes des autres, mais l’ensemble est harmonieux, et il est donc vital de lire les textes à la lumière de l’ensemble. Comme pour une mosaïque, il est nécessaire de prendre du recul pour apprécier l’évangile de Marc à sa juste valeur. Alors se dégagent les lignes de force et les progressions du ministère de Jésus. Le « secret messianique » s’éclaircit, et les détails insolites et les attitudes surprenantes de Jésus deviennent porteurs de sens.